Davos pris d’assaut … Davos prie Dassault
L'utilisation des jets privés à Davos a augmenté de 170 %, les délégués refusant les voyages en train gratuits
Il nous est déjà arrivé, au cours de réunions ou de salons professionnels, d’être confrontés aux activistes de la cause climatique qui considèrent le tourisme, et à plus forte raison moyen et long courrier, comme dangereux pour l’avenir de notre planete. A qui la faute ? On se souvient du rapport 2023 de Greenpeace qui analysait le fossé entre les prix des billets d’avion, mode de transport hyper-polluant, et ceux des billets de train, dont l’impact sur le climat est pourtant jusqu’à 100 fois moins important.



Leur rapport mettait en avant la fiscalité inéquitable au profit des compagnies aériennes et surtout cette pratique à contre-courant de la lutte contre la crise climatique. Parce qu’en Europe, les billets de train sont en moyenne deux fois plus chers que ceux d’avion pour un même trajet, un trajet entre Barcelone et Londres coûtant même jusqu’à 30 fois plus cher !
La fin du monde contre la fin du mois…
Alexis Chailloux, chargé de campagne voyage durable chez Greenpeace France expliquait alors : “Ce rapport démontre, chiffres à l’appui, ce que toutes les personnes qui voyagent en Europe ont déjà expérimenté : une différence de prix délirante entre les prix des billets d’avion et de train pour un même trajet….Cela permettra d’investir massivement dans le réseau ferroviaire, et de rendre le train plus accessible”.
Alors les organisateurs du Forum économique mondial (WEF) de Davos, en Suisse, ont décidé d’offrir une réduction de 100 % sur les tarifs ferroviaires pour ceux qui viennent à Davos depuis l’Europe.
Les vols privés sont préférés aux voyages en train gratuits
L’ augmentation du nombre de vols privés intervient malgré les appels du Forum Economique Mondial et d’autres ONG internationales demandant aux délégués présents au rassemblement des décideurs financiers du monde entier de prendre en compte la durabilité dans le choix de leur mode de transport. Il en résulte une augmentation de 170 % des mouvements de vols privés dans les aéroports voisins, selon les données de Flightradar24. Un porte-parole de l'aéroport de Zurich a déclaré à Euronews Green : « Immédiatement avant et pendant le WEF, nous enregistrons environ 1 000 mouvements de vols supplémentaires. Il peut s'agir de jets d'affaires, d'avions d'État ou de vols en hélicoptère. » En outre, dans trois autres aéroports desservant la région (Saint-Moritz, Friedrichshafen et Saint-Gall-Alternheim), les vols privés ont également augmenté, jusqu'à un tiers de plus que la moyenne.
Certains de ces vols étaient long-courriers, l'un d'entre eux ayant parcouru plus de 12 000 km pour rejoindre Zurich depuis Kailua-Kona à Hawaï. D'autres venaient de loin, comme Pékin, en Californie, et Seattle.
Les vols court-courriers, qui génèrent des émissions plus élevées par passager parce que les opérations gourmandes en carburant telles que le décollage et l'atterrissage représentent une plus grande proportion du voyage, provenaient de Gênes, Paris et Milan, à seulement 204 km du sommet économique et un trajet qui aurait pris un peu plus de trois heures dans un train entièrement équipé de tables confortables et du Wi-Fi à bord, laissant aux businessmen de nombreuses possibilités de travailler à bord.
Une étude mentionne que 53% des vols en jet privé au départ et à destination des aéroports proches de Davos étaient des vols de moins de 750 km, tandis que 38% d'entre eux étaient des vols ultra-courts de moins de 500 km qui auraient facilement pu être réalisés en train ou en voiture. Le vol le plus court ne faisait que 21 km ! Certains vols étaient identifiables comme transportant des représentants du gouvernement, comme c'était le cas des avions officiels irakiens, libyens et polonais.
Les ONG appellent à taxer les super-riches pour un avenir vert
Les ONG environnementales et les groupes de défense de l'environnement comme Greenpeace ont dénoncé l'utilisation de jets privés et d'hélicoptères, soulignant que même lorsque le transport aérien pourrait être considéré comme justifié, il n'y a aucune raison pour que les délégués de Davos ne choisissent pas de voyager en avion commercial, comme le cabinet d'audit KPMG s'est engagé à le faire cette année, en partageant son empreinte carbone avec des centaines d'autres passagers.
Prendre l'avion pour ses vacances fait-il alors commettre une erreur morale ? Notre désir de vacances, de soleil, d’aventures lointaines joue certes un rôle minime dans la crise croissante des phénomènes météorologiques extrêmes, mais il reste indéniable. Pour mémoire, les voyages en avion restent responsables d'environ 2 % des émissions mondiales, … mais parce que 80 % de la population mondiale ne prend jamais l'avion.