Devra-t-on verrouiller les anti-vols ?!
"Ne pas juger d'un bloc, voilà un exercice dont nos contemporains ne sont plus familiers." Cancel-culture, anti-tourisme, mêmes détracteurs, mêmes combats ? ...
Le transport aérien, bouc émissaire ? La charge symbolique forte du trafic aérien contribue certes à accélérer le réchauffement climatique, surtout quand il est uniquement assimilé au voyage de loisir, action purement individuelle et dont on pourrait se passer. Le monde du transport est associé à son impact majeur sur l'environnement, amplifié par le syndrome “flygskam” (honte de prendre l’avion) de Greta Thunberg. On oublie vite les promenades spatiales des Bezos, Brason et Musk, summum du gaspillage d’ultra-riches qui ignorent les problèmes du monde. La pandémie mondiale a eu beau clouer la majorité des avions au sol, rien n’y fait.
La vitesse d’un voyage en avion déforme nos références en termes d’espace et de temps. 8 heures à bord d’un long courrier, vous arrivez à Bombay. 8 heures au volant, vous êtes encore en Suisse …
On mélange tout par méconnaissance des engagements pris par cette industrie pour réduire sa consommation de CO2 depuis plus de dix ans, creusant l’écart entre la réalité et cette perception des pratiques environnementales du secteur aérien. La filière aéronautique s’est emparée de ces questions et innove pour réduire son impact écologique ! Ainsi, la consommation unitaire (par passager/km) des avions actuels est 5 fois plus faible que dans les années 1960, avec des gains de consommation de 15 à 20% grâce à des progrès sur l’efficacité propulsive, la masse, l’aérodynamique, l’usage de systèmes plus électriques, une avionique plus performante.
On restreint l’usage de l’avion aux occasions exceptionnelles, privilégiant le trajet en train en deçà de quatre heures, recourant aux visioconférences pour traiter ses affaires au bout du Monde depuis son canapé, déployant des signatures électroniques, etc, …
De nombreuses entreprises font face à l'impact des voyages en veillant à ce que leur personnel dispose d'options et d'alternatives plus propres pour leurs voyages, réduisant les déplacements en avion et s’engageant à planter des arbres séquestrant une quantité de carbone équivalente à leurs émissions provenant de voyages en avion.
Voyages So-Leader œuvre pour que le tourisme puisse rompre avec cette image consumériste et retrouve sa vocation de rencontres authentiques et d’évasion sources de découverte. Nos programmes offrent de voguer vers de nouveaux horizons, prendre le temps de (re)découvrir un pays, s’enrichir d’échanges avec la culture locale pour créer ou renforcer des liens. Un tourisme responsable, raisonnable, transporte selon les distances, … et l’offre caritative, adaptée aux sensibilités environnementales de chacun offre de compenser son vol par des actions concrètes envers la planète
Alors, le tourisme, bouc émissaire ? Comme toutes les industries, il réalise des efforts importants pour que ses activités (production, transport) génèrent moins de pollution. La transition énergétique est en cours, mais il reste encore beaucoup à faire. ce qui n’est pas le cas d’autres industries comme le recyclage des batteries, la production de plomb, les mines, les tanneries, la pétrochimie, les teintureries, palmarès funeste et vicieux des activités polluantes.
Ou encore le textile, très énergivore, qui utilise de nombreux produits responsables d’émanations ; ses rejets toxiques polluent l’atmosphère, les sols et sous-sols, les eaux et les nappes phréatiques. La production de vêtements low-cost, de mauvaise qualité, dans des pays pauvres insensibles aux problèmes environnementaux, cause double peine, leur usure rapide pollue deux fois, ses déchets saturant les filières de recyclage.
Qui parle des déchets de plastique qui envahissent les plages, les océans et engorgent les déchetteries, quand 300 tonnes de déchets se déversent chaque jour à Thilafushi, un territoire de 7 kilomètres de long sur 200 mètres de large au large de Malé, capitale des Maldives, entouré d'eaux cristallines et de sable blanc ?
Il y a probablement un parallèle à faire avec les réflexions d’Emmanuel Pierrat: Les nouveaux justiciers - Réflexions sur la cancel culture, ouvrage dont nous livrons quelques extraits : Tous les citoyens sont désormais susceptibles d'être victimes de ce nouvel acharnement, de cette forme de lynchage dénommé par l'anglicisme de cancel culture. Né sur les campus américains, ce phénomène s'est d'abord manifesté dans la culture où des créations ont été interdites au motif que leurs auteurs auraient eu un comportement répréhensible, et s'est ensuite étendu à toutes les facettes de la société.
La plupart du temps, la cause est juste, ….Mais les moyens utilisés sont souvent hors de proportion, irrationnels…Ne pas juger d'un bloc, voilà un exercice dont nos contemporains ne sont plus familiers.
Quand il y a clairement volonté de replacer la culture comme un enjeu touristique et le tourisme comme un enjeu culturel, comment va-t-on s’y prendre pour l’expliquer à la fois aux aux anti-vols et aux activistes de la cancel-culture ?